People, Places, Things, Things that happen. 2020-En cours

Définir un espace c’est s’intéresser aux éléments matériels ou idéels, tangibles ou sensibles, qui construisent son identité. Ce sont des gens, des choses, des événements. Ces éléments, je m’y intéresse la plupart du temps par l’intermédiaire des traces qu’ils ou elles laissent. Ces traces sont pour moi l’expression d’une sensibilité aux lieux. Elles sont à la fois une émotion, une humeur, une action, une habitude, un comportement, une forme d’expression du milieu géographique, tout autant que des agents, participants à l’expérience affective de l’espace et sa perception. Ainsi, raisonner par la terminologie trace est pour moi une manière de dépasser la matérialité de l’objet, pour m’intéresser aux conditions qui l’ont créé, de dégager les mécanismes sociaux, spatiaux, culturels, géographiques, cognitifs, sensibles, etc., qui l’ont façonné.

La photographie est l'un des outils me permettant de rendre compte de ces rencontres et de ces traces. Ces photographies sont des petits morceaux d’enquêtes, des notes, des réflexions de terrain. Chacun des éléments que je photographie, parfois de l’ordre du détail, sont des indices, des signes que quelque chose a eu lieu. Les traces, qui dépendent ou non d’une intention, vont ainsi provoquer une interprétation qui met en jeu différentes temporalités. S’intéresser aux traces suggère donc de prendre en compte ce qui est en amont, c’est-à-dire à leur tracé, à la pratique et aux mécanismes spatiaux qui les ont générés. Ainsi, en photographiant des gens, des choses, des traces, ce qui m’intéresse en réalité c’est tout ce qu’il y a autour. Ce sont les conditions qui les ont créées ou réunies, ce sont le ou les systèmes de signes dans lesquels ces traces s’insèrent. De ce fait, les sujets de mes photographies sont en réalité des moyens pour générer un récit dans lequel leur contexte devient le véritable sujet.

Les photos qui composent cette série sont imprimées sur papier thermique. Elles deviennent donc performatives en ce sens qu’elles deviennent elles-mêmes une trace en disparaissant avec la lumière et le temps.  Mise bout à bout, cette accumulation de photos constitue un archivage quotidien de formes et de traces de la modernité. Je les range, je les classe. Ce sont des morceaux d’histoire, des fragments de réel, ce sont des manières d’habiter. Elles me permettent de comprendre comment les lieux agissent sur nos émotions, nos habitudes, nos comportements. Ensemble, elles rendent compte d’un espace perçu qui est une déformation par rapport au réel. Elles en sont une interprétation, une transposition de ma sensibilité aux lieux, révélant une géographie autre de l’espace.

-> Une partie de la série a été exposée, au GU (Montréal, CA) pendant l’exposition Comment Voisiner ? du 26.09.2024 - 29.09.2024. 
Photographies imprimées sur papier thermique 
disparaissant avec le temps. 
Formats variables














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