Géographies sensibles
On trouve dans de très nombreuses cultures prémodernes ou non modernes, l’idée que les lieux, les choses, les gens, les moments et de manière générale à peu près tous les aspects de l’existence, ont un génie propre. C’est ce que les Romains appelaient genius loci, en français « l’esprit du lieu » ou « génie du lieu » ou ce que les Japonais appelle Yôkai ou Kami. Le génie du lieu était donc le pouvoir qu’un site ou une ville avait sur ceux qui l’habitaient, ou venaient le visiter, garant de la singularité des lieux. Une singularité que, dans les faits, la modernité s’est efforcée d’effacer.
C’est à cet effacement que je consacre ma pratique. Une pratique avant tout urbaine; celle de la balade, de l’errance et de la dérive, du hasard et de la rencontre. Une rencontre qui s’engage entre mon corps et des lieux, des territoires et des paysages aux identités floues. Des rencontres qui s’opèrent surtout avec tout les éléments matériels ou idéels, tangibles ou sensibles, qui construisent l’identité de ces espaces; ce sont des lieux, des vivant.e.s, humain.e.s ou non, des choses, des événements. Une pensée qui est héritée d’un parcours de recherche en géographie culturelle, et en arts politiques, au cours duquel je n’ai cessé de réfléchir à différentes formes pour comprendre et représenter ces « liens au lieu ». Un parcours qui m’invite également à valoriser le collectif dans mes projets pour composer avec d’autres voix et regards, échanger médiums et outils conceptuels pour hybrider nos pratiques.
Cette pratique de la rencontre, je tente de la retranscrire par d’autres, en réalisants des installations pluridisciplinaires ou se mêlent le plus souvent la photographie ou la vidéo, hybridée à celle de la sculpture, de la performance, du récit sonore aussi. Je m’efforce toujours de trouver une forme adaptée à l’entrée (lieu/vivant.e/chose/événements) que je choisis pour traiter d’un sujet.
C’est par cette méthodologie et avec ces différents outils que je construit aujourd’hui un archivage sensible des « choses » qui restent pour dessiner les contours d’une géographie sensible. Une géographie qui prend appui sur une géographie bien réelle pour la transfigurer par l’imaginaire. Une géographie qui mobilise un référentiel affectif et émotionnel pour comprendre autrement l’espace. Une géographie que je ne veux volontairement pas définir par un médium particulier ; pour continuer à penser la recherche comme une démarche hybride dans laquelle théorie et pratique se renforceraient mutuellement pour faire naître de nouvelles formes.
Expositions
2024 - À venir - Comment Voisiner ?, curation Joséphine Rivard, GU, (Montréal, QC) 2024 - En cours - Au nom du nom, les surfaces sensibles du graffiti, curation Hugo Vitrani, Les Rencontres de la Photographie, (Arles, FR)
2023 - Birding II, curation Vitrine 13, à The community Paris, (Pantin, FR)
2022/2023 - Dunes, dans le cadre du projet « Mondes nouveaux » du ministère de la culture, avec Virginie Yassef, Seulgi Lee, Ilanit Illouz et Théophile Peris, (Dunkerque, FR)
2022 - Récit zéro, « Quand soudainement » organisé par l’université de la pluralité à l’Espace Voltaire. (Paris, FR)
2021 - D’un commun Accord, avec Charles-Edouard de Surville et Virginie Yassef, Orangerie de Jussieu. (Château de Versailles, FR)
2021 : Birding, exposition collective, sur une proposition de Margaux Dewarrat, Vitrine 13, (Lausanne, CH)
2020 - Pneuma, avec Ikram Benchrif et Paul Girard. Hopital Bichat. (Paris, FR)
2020 - Down to Earth. Avec le collectif SPEAP, sur une invitation de Frédérique Aït-touati et Tino Seghal. Gropius Bau. (Berlin, GE)
2020 - Objectif lune. Réalisation d’une oeuvre/workshop de plusieurs jours organisé par Vraiment Vraiment et l’ANRT. (Paris, FR)
2018 - Paris X Berlin. Résidence de co-création artistique divisée en deux ateliers (2mois) sur le thème « Territoires / Gebiete », Galerie du CROUS, Paris et Berlin. Expositions : « Dear Mom, what are we do when crossing boundaries ? », Exposition collective, Studierendenwerk, Berlin et Waiting for, Exposition collective, Galerie du Crous, (Paris, FR) (Berlin, GE)
2017 - Mercuriales, avec SAEIO et Juliette Vilain, (Bagnolet FR)
Cursus Universitaire
2019/2020 - Artiste-chercheur au Master SPEAP (Programme d’Expérimentation en Arts Politiques, Sciences Po Paris)
dirigé par Bruno Latour et Frédérique Aït-Touati.
2015/2017 - Master CPP (Culture Politique Patrimoine) dirigé par Louis Dupont et Rachele Borghi, Paris IV Sorbonne.
2012/2015 - Licence de géographie et aménagement du territoire, Paris IV Sorbonne
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